Chez Altares, chaque trimestre, nous publions les chiffres des défaillances d’entreprises en France, un indicateur clé pour suivre la santé économique du tissu entrepreneurial. Ce début d’année 2025 confirme une tendance déjà amorcée fin 2024 : les défaillances restent à un niveau historiquement élevé, mais les signaux faibles d’un retournement commencent à se dessiner.
Avec 17 845 procédures collectives ouvertes entre janvier et mars, le nombre de défaillances progresse encore de 4,4 % par rapport au 1er trimestre 2024. Un chiffre lourd, bien au-dessus de la moyenne des quinze dernières années (15 300), mais qui marque aussi la plus faible hausse enregistrée depuis quatre ans. Il y a un an, à la même période, les défaillances bondissaient de +29 %. Il y a deux ans, elles explosaient à +53 %.
Un nombre de défaillances d’entreprises élevé, mais stable depuis 6 mois
Depuis maintenant deux trimestres, nous constatons que le nombre de défaillances sur douze mois glissés se stabilise autour de 68 000. Ce palier, bien qu’élevé, laisse entrevoir l’espoir d’une décrue. Mars est même repassé sous la barre symbolique des 68 000 défauts, franchie en janvier et février.
Les plus petites structures, notamment les microentreprises de moins de 3 salariés, sont les principales concernées par les procédures (72 % des cas), mais elles montrent une relative résilience. En revanche, les grandes PME et ETI continuent de souffrir, avec une hausse de 28 % des défaillances pour celles de plus de 100 salariés. Un tiers de ces défaillances se concentre dans les secteurs social et médical, très fragilisés.
Résultat : 71 000 emplois sont aujourd’hui menacés, un niveau jamais atteint depuis la crise financière de 2009.
Certains secteurs relèvent la tête
Malgré ce contexte tendu, plusieurs signaux positifs émergent, notamment dans les secteurs orientés B2C :
- Le commerce de détail – et notamment l’habillement – amorce un redressement : -15 % de défauts pour les magasins de vêtements, -19 % pour les grossistes textile, -22 % dans la fabrication.
- Les boulangeries et boucheries affichent une baisse de 3%.
- La construction, longtemps sous tension, montre des signes encourageants dans le bâtiment et la construction de maisons individuelles.
- Les agences immobilières voient leurs défaillances reculer de 17 %, après une année 2024 difficile.
Dans l’industrie manufacturière, des disparités subsistent : certaines activités comme la mécanique industrielle ou la maintenance tiennent bon, tandis que les secteurs liés aux matériaux de construction, à l’environnement ou à l’élevage (notamment laitier) sont plus à la peine.
Des services aux entreprises en difficulté
Du côté du BtoB, les signaux sont plus préoccupants. Les services aux entreprises affichent une hausse globale des défauts (+8 %) avec de fortes tensions dans plusieurs métiers :
- +40 % dans la sécurité privée
- +24 % dans les services informatiques
- +20 % dans le conseil en communication
- +14 % dans le nettoyage de bâtiments
L’agriculture reste, elle aussi, dans une situation fragile, particulièrement dans l’élevage (+29 %) et la viticulture (+75 %).

Un contexte international à surveiller de très près
Si une stabilisation des défaillances et une lente décrue des retards de paiement semblaient envisageables pour 2025, les récentes annonces sur le plan international – notamment les tensions commerciales impulsées par les États-Unis – inquiètent.
Nous entrons dans une zone d’incertitude : les dirigeants devront revoir leurs prévisions en matière d’investissement, de recrutement et de trésorerie. La gestion du cash reste plus que jamais un levier vital pour sécuriser sa croissance.
Dans ce contexte instable, l’identification de partenaires fiables devient un enjeu stratégique. Le risque interentreprises augmente, tout comme le risque pays. Cette “tectonique des marchés”, pour reprendre les mots de notre Directeur des études Thierry Millon, pourrait accentuer la pression concurrentielle, faire grimper les coûts d’approvisionnement et fragiliser encore davantage les marges.
De la vigilance, mais pas de panique
Restons prudents. Si l’orage ne s’est pas encore totalement dissipé, il s’éloigne doucement. Le niveau des défaillances reste élevé, mais plusieurs secteurs commencent à entrevoir des jours meilleurs.
Chez Altares, nous continuons de suivre ces évolutions de près, d’analyser les signaux faibles, et de vous fournir les indicateurs les plus fiables pour anticiper les risques et sécuriser vos décisions.
Pour en savoir +, téléchargez notre étude complète sur les défaillances et sauvegardes d’entreprises au 1er trimestre 2025.